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Auteur, compositeur, arrangeur, percussionniste, guitariste, accordéoniste et chanteur, Isaiah Kehinde Dairo dit “I.K. Dairo” ou “Chief I.K. Dairo”, né le 6 janvier 1931 à Offa, dans l'actuel État de Kwara, au centre-ouest du Nigeria, est considéré comme le “Roi de la juju” moderne yoruba. Après la sortie en 1962 chez Decca de “Salome” (son premier gros tube), il obtient en 1963 le titre de M.B.E. (Member of the Order of the British Empire), devenant le premier Africain à recevoir cette distinction de l'Empire britannique de la Reine Élisabeth. I.K. Dairo, surnommé affectueusement “Baba Aladura” décède le 7 février 1996 à Efon-Alaiye, près d'Akure au Nigeria. Il avait 65 ans... Isaiah Kehinde Dairo dit «~I.K. Dairo~», appelé affectueusement «~Baba Aladura~» est considéré comme le «~roi de la juju moderne~».”

Ashiko

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Après avoir travaillé en 1937 au Nigerian National Railway (Les Chemins de fer Nigérians), I.K. Dairo et toute sa famille partent s’intaller à Ijebu-Ijesa dans l’Etat d’Oyo où son père charpentier constate que son fils est vraiment passionné de musique. Il lui fabrique alors son premier tambour, un dundun (talking drum) qu’il ne quitte jamais. Plus tard, I.K. Dairo suit une formation de coiffeur mais passe toutes ses soirées à jouer du tambour en observant des musiciens de juju, comme Orioke ou encore Oladele Oro.

Ojoge Daniel & Juju Band

compil_juju_roots.jpgEn 1946, I.K. Dairo fonde son premier groupe avec des amis mais les choses ne se passent pas comme il le souhaite. Il part alors à Ibadan où il trouve de petits boulots (manœuvre dans le bâtiment, colporteur de tissu, ouvrier agricole ou charpentier), sans jamais laissé son tambour loin de lui. Après les longues heures de labeur, I.K. Dairo va jouer, le soir, avec l’orchestre Juju Band d’Ojoge Daniel, l’un des pionniers de la juju. Ne connaissant pas de réussite dans la musique, notamment financière, au bout de quelques années, il décide en 1954 de retourner chez lui, muni de son tambour et de ses outils de charpentier. La même année, il monte le Morning Star Orchestra, composé d’une dizaine de musiciens. Mais il faut attendre 1957 pour le voir changer la face de la juju music en en renforçant les bases mélodiques, rythmiques et lyriques. Reconnu pour ses qualités de multi-instrumentiste, il réussit à greffer l’ashiko de Sierra Leone et le “son cubano” (rumba cubaine) dans son beat spécifique yoruba (CD Ashiko). En 1961, I.K. Dairo & Morning Star Orchestra sont invités à participer à un concours organisé par la télévision WNBS (Western Nigeria Broadcasting Service), avec 15 autres orchestres de juju. I.K. Dairo & Morning Star Orchestra remporte le premier prix qui leur offre une grande visibilité et une énorme popularité. La même année, il décide de changer le nom de la formation qui devient Blue Spots.

Blue Spots Band

ik_dairo_and_blue_spots.jpgS’appuyant sur le son du dundun (talking drum), I.K. Dairo élabore un dialogue entre ce dernier, l’accordéon aux lignes musicales ternaires, la guitare électrique et les choeurs dominés par sa voix de baryton. En plus de ces innovations techniques, il élargit le champ mélodique en enrichissant ses textes d’incantations de satires et de proverbes yorubas recueillis auprès des vieux sages. Après avoir sorti des titres de longue durée, le choix de chansons aux phrasés courts qui font de lui un des premiers artistes à s’adapter aux nouveaux formatages des morceaux (4 à 6 minutes) imposés par le showbiz le place à l’avant-garde de la scène nigériane. Dans cet immense territoire aux multiples expressions musicales et à l’époque de plus cent millions d’habitants, il réussit en outre le tour de force d’être adulé par le pays tout entier en intégrant à ses compositions des mélodies et des rythmes des différentes composantes nationales. La sortie en 1962 de “Salome”, devenu son premier gros tube, consacre I.K. Dairo “Roi de la juju”. Ce titre sera réédité en 1992.

I.K. Dairo M.B.E.

En 1963 à Londres, il est d’abord fait Chevalier de l’Empire britannique avant d’obtenir le titre de M.B.E. (Member of the Order of the British Empire), devenant le premier Africain à avoir jamais reçu cette distinction de la Reine Élisabeth II. Sa carrière internationale s’en trouve ainsi lancée : I.K. Dairo & His Blue Spots représentent alors le Nigeria au premier Festival Mondial des Arts Nègres de Dakar en 1966. En 1972, ils sont sollicités non seulement en Afrique de l’Ouest et en Europe mais aussi au Japon (World Music Festival à Tokyo), grande première pour un artiste du continent.

Compositeur d’un nombre impressionnant de tubes qui dominèrent les charts nigérians pendant des années, celui que l’on surnomme “Le grand I.K. Dairo M.B.E.” vit les ventes de ses albums chuter à partir de 1975, supplanté par de jeunes talents comme Ebenezer Obey et King Sunny Ade.

Parti tenter sa chance aux Etats-Unis, il fait un come-back au début des années 1990 en effectuant plusieurs tournées américaines et en sortant en 1994 Ashiko, une compilation d’anciens titres remixés, quelques mois avant sa mort, survenue le 7 février 1996 à Efon-Alaiye, près d’Akure au Nigeria. Il avait 65 ans…

Référence incontestable de la musique nigériane, I.K. Dairo est toujours populaire dans son pays natal où il est surnommé affectueusement “Baba Aladura”, en référence à son rôle actif au sein de l’église Aladura où la juju” tient un rôle prépondérant. Il prêchait régulièrement dans l’église construite près de sa résidence principale sur la rue Kehinde Dairo Street à Lagos.

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Nago Seck

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