Madala Kunene

La genèse d’un chaman musical

Né dans dans une famille d’éminents universitaires, Madala Kunene se désintéresse de l’école, préférant consacrer sa vie à la musique zulu en se lançant dans le style maskandi à base de guitare. Celui que l’on surnomme Bafo est devenu une légende profondément ancrée dans la culture zouloue et ses rythmes musicaux. Son parcours musical a commencé dès l’âge de 7 ans, jouant des guitares de fortune fabriquées à partir de boîtes d’huile de cuisson avec des cordes faites d’intestins de poissons pêchés le long du front de mer de Durban. Malgré des débuts modestes, le talent inné de Kunene a rapidement attiré l’attention, jetant les bases de son ascension fulgurante sur la scène musicale.

Le chemin de la reconnaissance

Les déménagements forcés en 1959 à Kwa-Mashu, près de Durban après l’expulsion de la famille de leur maison par le gouvernement de l’apartheid
n’ont pas dissuadé les aspirations musicales de Kunene. Au contraire, cela renforce sa détermination. Il acquiert rapidement une renommée locale, partageant la scène avec des sommités comme Robert « Doc » Mthalane et Busi Mhlongo. La musique de Kunene transcendait alors les simples mélodies ; c’est devenu un récit de rêves ancestraux et de folklore zoulou, tissant des histoires qui ont profondément résonné auprès du public.

Le parcours musical de Kunene a atteint des sommets internationaux avec la sortie de son premier album éponyme en 1990, produit par Sipho Gumede. Suivent en 1994 trois projets : « Outernational Meltdown – Free At Last Sanibonani with Airto Moreira », « Outernational Meltdown – Healers Brew Mamgobhozi – A Woman’s Name » et « King of The Zulu Guitar ».

Sa collaboration en 1995 avec MELT2000 sur l’album « Kon’ko Man », paru en 1996 (Concord Music Group/B&W Music), met en vedette des artistes légendaires comme la chanteuse brésilienne de latin jazz Flora Purim (sur « Company ») et son compatriote Pops Mohamed (compositeur de « Celebrate »). Cet opus a marqué une importante étape culturelle, reliant les sons africains aux paysages musicaux mondiaux.

Un esprit de collaboration : relier les générations

Les collaborations de Kunene incarnent la synergie musicale, mêlant histoires et futurs. De Mabi Gabriel Thobejane à Max Laesser avec qui il a réalisé plusieur projets, en passant par Baba Mokoena Serakoeng, Chico Antonio, Syd Kitchen, Bernard Mndaweni, Steve Newman, Themba Mokoena, Guy Buttery ou Shana, les partenariats de Kunene transcendent les générations, enrichissant sa musique d’influences diverses. Ses performances au Carnegie Hall de New York (USA) et ses cinq années d’implication avec Forest Jam soulignent son engagement à encadrer les jeunes talents et à favoriser le dialogue interculturel.

Reconnaissance du guérisseur spirituel en musique

La musique de Madala Kunene transcende le simple divertissement ; il incarne une profonde essence de guérison. S’inspirant de chants traditionnels zoulous et de messages ancestraux, ses performances évoquent une expérience chamanique, canalisant les énergies spirituelles. Cette essence spirituelle a valu à Kunene un doctorat honorifique en musique de l’Université du KwaZulu-Natal en mai 2023, reconnaissant son profond impact sur la musique autochtone.

Le ministère sud-africain des Arts et de la Culture a honoré le légendaire guitariste Madala Kunene lors d’un événement en deux parties à Durban en octobre 2023. L’événement marquait la 6ème édition de « Van Toeka Af Living Legends Recognition Series » (Séries Van Toeka Af Living de reconnaissance des légendes) », une initiative du ministère qui reconnaît et acclame Les légendes vivantes de l’Afrique du Sud dans les secteurs créatifs et culturels.

Le 30 avril 2024, le président MC Ramaphosa a honoré le Dr Madala Kunene de l’Ordre d’or d’Ikhamanga pour sa contribution exceptionnelle aux arts, en utilisant des sons uniques à l’Afrique du Sud. L’Ordre d’Ikhamanga est une prestigieuse distinction civile sud-africaine accordée par le président aux citoyens sud-africains qui ont réalisé des réalisations significatives dans les domaines des arts, de la culture, de la littérature, de la musique et du journalisme. « Ikhamanga », le nom xhosa de la plante Strelitzia Reginae, symbolise la reconnaissance de réalisations et d’excellence exceptionnelles.

L’influence durable

Dans un paysage musical en constante évolution, la musique de Kunene reste un phare d’authenticité et de tradition. Sa capacité à maintenir ses racines tout en acceptant le changement sert de guide aux artistes et aux promoteurs. L’héritage de Kunene transcende les générations, façonnant l’avenir de la musique sud-africaine et inspirant les artistes du monde entier.

Madala Kunene n’est pas qu’un musicien, c’est un chaman musical, tissant une tapisserie sonore qui capture le cœur de l’Afrique et l’âme du blues. Son parcours depuis Cato Manor jusqu’à la scène mondiale témoigne du pouvoir transformateur de la musique, un héritage qui continue de résonner dans le cœur des mélomanes du monde entier.

En mai 2023, l’Université du KwaZulu-Natal a décerné à Kunene un doctorat honorifique en musique, reconnaissant sa contribution inestimable au développement de la musique autochtone. Cette distinction témoigne de son rôle d’ambassadeur culturel, apportant la culture zouloue et la musique d’Afrique australe sur la scène mondiale.