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“Au Mexique, deux musiciens sénégalais, André Lô du groupe mythique des années 1970 Waato Sita et, trente ans plus tard, Babou Diébaté surnommé "El griot mexicano" (le griot mexicain), se battent pour une reconnaissance des cultures noires dans un pays qui a longtemps occulté ses racines africaines. Reportage sur deux artistes qui s'associent par leur art au combat d'une communauté estimée officiellement à 2 millions d'habitants. L'équipe d'Afrisson a donné la parole à ce griot qui confronte musique mandingue et racines garifuna et à André Fara Birame Lô Sánchez, le fils d'un des fondateurs de Waato Sita. Cinéaste militant de la cause noire au Mexique, couronné de plusieurs prix et porte-parole de celle-ci aux Nations Unies, il évoque le combat de son père à qui il rend hommage dans un film encore en gestation. Découverte.”

Au Mexique, deux musiciens sénégalais, André Lô du groupe mythique des années 1970 Waato Sita et trente ans plus tard, Babou Diebaté surnommé El griot mexicano, se battent pour une reconnaissance des cultures noires dans un pays qui a longtemps occulté ses racines africaines. Reportage sur deux artistes qui s’associent par leur art au combat d’une communauté estimée officiellement à 2 millions d’habitants. L’équipe d’Afrisson a donné la parole à ce griot qui confronte musique mandingue et racines garifuna et à André Birame Fra Lô Sanchez, le fils d’un des fondateurs de Waato Sita. Cinéaste militant de la cause noire au Mexique, couronné de plusieurs prix et porte-parole de celle-ci aux Nations Unies, il évoque le combat de son père à qui il rend hommage dans un film encore en gestation. Découverte.

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Kayra Silabaa : une rencontre unique entre musique mandingue et musique garifuna

Dans le groupe Kayra Silabaa qu’il a créé avec trois artistes mexicains , Itzel Viridiana Gutiérrez Ruiz , David Pacheco Aquino Gumbe  et Salvador Reyes Equiguas , Babou Diébaté combine kora mandingue et divers styles d’Amérique latine et du Mexique essentiellement originaires de la région de Veracruz comme le chuchumbe, pièce musicale ancienne datant du XVIII° siècle  et les musiques de résistance garifuna, fusion des musiques des esclaves marrons et des peuples arawak et caraïbe. Se rencontrent au sein de ce groupe unique en son genre des instruments comme la kora mandingue, le marimbol, forme de mbira mexicain et plusieurs guitares locales comme le riquinto et la jarana.

Retrouvez  l’interview de Babou Diabaté réalisée à Mexico ainsi que celles de ces trois compagnons de route. Et toute les infos sur cet artiste : biographie, discographie

Itzel Viridiana Gutiérrez Ruiz (requinto, llorana, voix, danse)

J’ai vécu dans  la région de Veracruz , où je faisais partie d’un groupe de capoeira qui est une musique et une danse de résistance des esclaves quand j’ai rencontré Babou Diebaté , J’ai aussi subi les influences des musiques cubaines . Personnellement, je danse et je joue du riquinto et  de la llorana, une guitare typiquement mexicaine et je m’initie à la kora depuis un an car je trouve cette instrument très inspirant, puissant. Il m’émeut beaucoup . Je trouve qu’il y a beaucoup de similitudes entre la llarana et la kora. La kora est la maman de la llorana.

David Pacheco Aquino Gumbe  (jarana (genre de guitare à 5 cordes), voix).

Je suis originaire de la région de Veracruz et je joue la jarana depuis que je suis petit , un instrument qui fait partie de la culture garifuna. J’ai appris auprès des anciens des rythmes anciens de la région sud  de Veracruz et je continue à explorer les musiques du patrimoine mexicain. Pour moi, la musique est une expression de l’âme et jouer avec des musiciens africains est une façon d’honorer nos ancêtres et notre identité de Veracruz. Jouer avec Babou c’est prendre une partie de l’essence de cet esprit musical, de cet univers. Cet instrument m’apporte  une sensation de joie. Il se dégage une grande paix de cet instrument. J’aime jouer, chanter mais surtout sentir l’âme des gens. De l’Afrique, je connaissais le djembé, le balafon mais pas la kora. Le mbira fait partie de notre culture.  La culture garifuna est marquée par les tambours, mais à présent je découvre l’énergie et les vibrations de la kora.

Salvador Reyes Equiguas aka Salvador (requinto (petite guitare à 3 cordes), marimbol (grosse sanza sur caisse en bois), voix),

Je viens de Mexico. Ma famille vit à Mexico City mais elle est originaire de Michoacan qui a eu une culture très différente.  Tous les mexicains ont une influence d’un autre lieu, d’une ville coloniale, africaine. arabe. Mexico est le réceptacle de plein de cultures différentes. Il y a une grande Influence latino américaine,  essentiellement colombienne et cubaine, beaucoup d’interactions culturelles. Mais on retrouve également des héritages de l’époque coloniale : polonaise, allemande. Notamment. Je suis docteur en études sud-américaines , j’étudie l’histoire du peuplement d’Amérique latine. Et les langues indigènes, la gastronomie, la musique. Je m’intéresse particulièrement aux musiques des Afro-mexicains qui viennent de la région de Veracruz, la musique jarocha à base de harpes et de guiares. La guitare jarana typiquement mexicaine, jouée dans le sud de Veracruz, est une variante de la guitare baroque. Elle a été adaptée par les populations locales. C’est très récent au Mexique que l’on valorise les racines africaines de notre culture alors que les structures de notre musique sont très proches des musiques africaines et surtout du kompas haïtien. Ces musiques sont des musiques de résistance, elles parlent de la vie  quotidienne des gens, des pêcheurs, des paysans, de la nature et comme elles sont acoustiques et n’ont pas des thèmes modernes, nous avons du mal à les imposer.

Ecoutez un extrait du groupe  filmé à Mexico par Afrisson lors d’une répétition.

André Lô père et André Fara Birame Lô Sanchez fils : cinquante ans de militantisme en faveur de la communauté noire au Mexique

 

Nago Seck a rencontré André Fara Birame Lô Sanchez, le fils d’André Lô à Mexico et retracé le parcours autant musical que familial et engagé de cette figure  du groupe mythique sénégalais des années 1970 Waato Sita. Il évoque avec émotion sa curiosité musicale, ses difficultés face au racisme, son engagement et son désir de transmettre son héritage musical.

André Lô, créateur d’un nouveau son 

André Lô le militant 

André Lô :  l’héritage

Et découvrez le combat du fils qui poursuit celui du père, engagé quarante ans plus tôt : donner la parole au Mexique à la communauté noire longtemps méprisée et ignorée. 


André Fara Birame Lô Sanchez est lauréat du « Prix contre la discrimination 2024 » décerné par COPRED, un organisme dont le but est de prévenir et d’éliminer la discrimination à Mexico, par l’analyse et l’évaluation de la politique publique, législative et des organismes publics, et l’attention à la citoyenneté, afin d’engendrer un changement social en faveur de l’égalité et de la non-discrimination, en travaillant avec les différents secteurs…

*Crédits photos : Nago Seck, André Fara Birame Lô Sanchez
*Crédit vidéo : Sylvie Clerfeuille

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Sylvie Clerfeuille

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Nago Seck

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