L’héritier de Bah Kimintang Cissokho et Soundioulou Cissokho
Issu d’une grande famille de « djélis korafolas » (griots joueurs de kora) du Sénégal, Ablaye Cissoko, fait partie des « korafolas » les plus doués de sa génération. Son grand-père et homonyme, Bah Kimintang Cissokho dit « Bah Djéli Cissokho » fut, avec son cousin Nago Guèye, l’un des premiers à présenter la musique de kora en Europe (Exposition coloniale internationale au Palais de la Porte Dorée à Paris, en France, en 1931).
Soundioulou Cissokho, « le roi de la kora »
Son père, Kémokho Kandara Cissokho dit Soundioulou Cissokho fut dès 1948 la première véritable star de la kora mandingue en Afrique de l’Ouest. Chevalier de l’ordre du mérite sénégalais, il reçoit, en 1972, pour ses 58 compositions déposées, la médaille de la SACEM en France (la Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique en France).
En 1967, Soundioulou Cissokho quitte le théâtre Daniel Sorano et tourne dans la sous-région. Invité à l’inauguration du Palais du Peuple à Conakry, il est couronné « roi de la kora » par Ahmed Sékou Touré (1922-1984), Président de la République de Guinée du 2 octobre 1958 au 26 mars 1984.
Dans la famille du « Roi de la kora », plusieurs enfants perpétuent l’héritage familial, comme Djéour, Prince (1958-2009), ou encore les nombreux héritiers de la lignée mandingue de ce maestro de la kora » hors norme, dont ses petits-enfants Ali Boulo, Ameth Sissokho aka Metsing ou encore Fanta Cissokho aka Fanta Style.
Contrairement à ses frères, Chérif Cissokho, père de Fanta Cissokho aka Fanta Style, est architecte mais aussi facteur de koras, gardant ainsi le lien avec l’héritage familial.
« Mon père qui était un puriste était contre les koras à clés et j’ai suivi son conseil. Régler les notes avec une lanière est beaucoup plus difficile mais ouvre des possibilités. La kora ne se joue pas avec des gammes mais des modes. Parfois, à cause des lanières, la kora se désaccorde et d’autres notes surgissent. Les lanières laissent une forme de liberté et de créativité », confie Djéour. Bien qu’ancré dans la tradition, strong>Soundioulou était à l‘écoute de l’évolution du monde moderne. « Il nous conseillait de faire le Conservatoire de musique car lorsque certains diront « j’ai bac+4 ou 5 », vous pourrez leur présenter votre diplôme de kora« , dit en substance Ablaye.
Son parcours
Parti jouer avec ses oncles à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal en 1985, Ablaye s’y installe et y forme le groupe Ninki Nanka. Il collabore aussi avec Saint-Louis Jazz Orchestra, une formation multiculturelle comprenant des musiciens africains et européens. Des années plus tard, Ablaye se produira à plusieurs reprises au Festival de Jazz de Saint-Louis ou à l’Institut français du Sénégal à Saint-Louis.
Diam
En 2003, Ablaye Cissoko sort sur le label Ma Case Records, « Diam » (« la paix » en wolof), un album acoustique de 12 chansons marquées par son héritage traditionnel, où l’artiste parle du travail (« Bara »), du monde ou de la vie (« Douna »), de la paix (« Kaïra »), de l’amitié (« Tero ») ou encore de la ville sainte abritant le mausolée de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké dit Khadimou Rassoul, fondateur de la confrérie musulmane des Mourides au Sénégal (« Touba »).
La promotion de cet album roots mettant en exergue son jeu de kora » le mènera au Portugal, en Norvège, en Belgique, au Canada et en Afrique de l’Ouest pour une tournée des instituts, alliances et centres culturels français.
Le Griot rouge
En 2005, Ablaye Cissoko sort sur le même label « Le griot rouge », un album où l’artiste se distingue à nouveau par sa dextérité. L’opus comprend « Bamba », un titre aux influences trad dédiée à Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (cité plus haut), « Talibé » sur les disciples religieux qui se retrouvent esclaves de leur marabout et enfants des rues, ou encore « Autorail », un voyage aux sources du répertoire mandingue de kora.
Autres projets
A la suite de ses deux albums, Ablaye Cissoko croise, dans l’album « Sira » (2008), ses lignes de kora avec la trompette du jazzman allemand Volker Goetze, les guembri et oud du Marocain Majid Bekkas ou encore le saxophone du Français François Jeanneau.
En 2012, sort « African Jazz Roots », un opus réalisé avec le batteur de jazz français Simon Goubert. Un an après « Amanké Dionti », son duo avec le trompettiste Volker Goetze, il sort en 2013 « Mes racines », un album plus traditionnel enregistré avec l’ensemble Le Corda Ba composé exclusivement de musiciens vivant au Sénégal.
*Source / Crédit photo : facebook
Laissez un commentaire
Vous devez être logged in pour poster un commentaire.