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“Française d'origine nigériane, Aitua est une virtuose de la guitare classique et valorise dans son projet Africlassical les grands compositeurs noirs du genre. Mais elle est également passionnée de jazz, d'afro-beat et affiche un goût évident pour les expériences musicales. Découverte d'un parcours original. ”

S.C. Où êtes vous née ? 

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Aitua . Je suis née en 1987 en région parisienne mais ma famille est d’origine Edo, de Bénin City exactement et je retourne régulièrement au Nigéria.

SC. Votre famille est elle musicienne ? 

Aitua. Mes parents ne sont pas musiciens mais mélomanes. Mon père écoutait beaucoup de musique, du jazz, du rap, de la pop américaine.

SC. Comment est venue cette carrière musicale ? 

Aitua. A neuf ans, j’ai rejoint le conservatoire et je me suis mise à la guitare classique. J’avais une passion pour la musique romantique, la musique andalouse. Un de mes compositeurs préférés était Joaquin Rodrigo, un compositeur espagnol auteur de ^plusieurs concertos. Il m’a inspiré quand j’ai monté un quatuor de guitares.

S.C. Comment est né le projet Afroclassical ? 

Aitua. Durant toute ma scolarité, j’ai été baignée dans le classique mais je trouvais pas ma place, je ne voyais pas de références du monde noir. J’ai donc proposé des conférences musicales de compositeurs comme le chevalier de Saint-Georges, Samuel Coleridge-Taylor, Lady Viola Kinney, Florence Price, des compositeurs ignorés du grand public. Mon quatuor de guitares m’a permis de proposer des arrangements d’oeuvres d’orchestres, de musique de chambre, d’opéras avec une petite formation.

S.C. En 2018, vous vivez l’expérience Gonzervatory , une master class de Chilly Gonzales, un pianiste canadien de jazz qui a été honoré par un Grammy Award. Cette master class réunissant 7 musiciens aboutira à la réalisation de deux oeuvres « Life is a Scam » et « Face » entre jazz, rap et soul,. Comment vous avez vécu cette expérience musicale ? 

Aitua. Gonzervatory m’a permis de rencontrer des musiciens de toutes origines, Talib Dalebi, un saxophoniste ukrainien passionné de jazz et de musique contemporaine, Dadalu, un rappeur et Fat Tony, un dj américain. Ce sont les trois artistes qui m’ont le plus marqué. L’expérience Gonzervatory a représenté un basculement dans ma vie. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’en faire mon métier, de devenir musicienne professionnelle.

S.C. Il y a eu également le duo Mahai avec la flutiste malgache  Maholy Saholiariliva. 

Aitua. Ce duio s’est formé durant le confinement. Avec Maholy Saholiariliva, Nous avions des goûts artistiques semblables et cette envie de valoriser des artistes comme Celso Machado, guitariste classique et percussionniste brésilien et de reprendre, outre mes propres compositions, des œuvres d’Astor Piazzola, le grand  compositeur et bandonéoniste argentin.

S.C. Vous avez également travaillé avec Tunji Allen, le petit fils de Tony Allen où l’on peut entendre le jeu magique de batterie de son grand-père,  son dernier set. Comment s’est faite cette rencontre ? 

Aitua. Elle s’est faite en 2019 au Nigéria. Je venais de faire un grand tour du Nigeria, j’avais voyagé dans différentes régions du pays , Lagos, Ibadan, Edo State. Je m’étais nourrie de tous ses sons dont notamment celui des talking-drums, des influences qui ont marqué mon album « Nigerian move » sorti en 2021. Un ami commun m’a présenté Tunji qui lui aussi était inspiré par l’afro-beat de son grand-père mais aussi par différents styles du pays. J’ai posé ma guitare solo sur son projet « Rivers of All Time« . Ce fut une belle rencontre.

 

 

 

 

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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