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Issu d’une grande famille de djélis (griots) bambara, Bazoumana Sissoko est né aveugle, en 1890, à Koni, dans la commune de Barouéli, région de Ségou (Mali). Enfant surdoué, mais physiquement diminué dès sa naissance, il apprend à jouer seul le ngoni (luth malien) qui deviendra son instrument de prédilection et dont il est reconnu comme un des virtuoses. Poète et figure emblématique de la musique mandingue, surnommé par ses compatriotes le “vieux lion” ou “le griot des griots”, Djéli Bazoumana Sissoko orienta naturellement, de par sa naissance, son art musical vers l’épopée bamanan de Ségou. Il décède le 29 décembre 1987. Il avait 97 ans.”
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Musiques Du Mali – Banzoumana

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Maliba, la mère patrie

Sous la 1ère République (1960-1968), Bazoumana Sissoko défendait le jeune Etat du Mali à travers des titres comme “Maliba” qui chantait la mère patrie et appelait ses concitoyens à la reconstruction nationale ou encore « Maliba kera awn ta yé » (Le grand Mali est devenu nôtre, indépendant), magnifiant ainsi cette nouvelle souveraineté. Dans beaucoup de ses chansons de la période de l’indépendance, il met l’accent sur le patriotisme, le désintéressement, l’honnêteté et l’intégrité des dirigeants du pays. A sa manière, il soutint le jeune Etat du Mali et servit de référence à la plupart des artistes musiciens. Il est d’ailleurs le compositeur de l’hymne national malien (“Pour l’Afrique et pour toi, Mali”) dont les paroles ont été écrites par Seydou Badian Kouyaté.

Par ailleurs, sous le régime militaire, Bazoumana Sissoko resta étonnamment muet, même dans le domaine de la production musicale. Tous ses grands titres sont d’ailleurs antérieurs à cette période dans laquelle il ne se produisit qu’à de très rares occasions. Mais, il ne verra pas la fin de la dictature militaire de Moussa Traoré car il s’éteint le 29 décembre 1987.

Janjon : son style musical

Son style musical, appelé “janjon” au Mali et caractéristique de la région de Ségou, soutient des thèmes comme les légendes de l’ancien royaume Bambara de Ségou ou encore de l’Empire du Mali : la légende de Da Monson Diarra ou celle de l’empereur du Mandingue Soundiata Keïta (1217-1255), avec des titres comme « Janjon », « Da Monzon », « Maliba », « Poi », “Bakari Jan”, “Tara” ou “Maki”… Contrairement à d’autres griots qui chantaient les louanges des riches, Bazoumana Sissoko a préféré rendre hommage aux grands hommes de l’histoire du Mali. Son ngoni avec lequel il a magnifié le « janjon » (chant épique mandingue, hymne des valeureux), est aujourd’hui l’une des pièces phares du Musée National de Bamako pour rappeler à la jeune génération que “l’espérance est le bâton de l’aveugle”.

Bazoumana Sissoko, le sage

Bazoumana Sissoko, l’inoubliable, l’incomparable, l’inimitable, a de son vivant valorisé la bravoure des grands guerriers qui ont posé les premières pierres de la nation “Maliba”. Pour connaître l’origine et la grandeur d’un homme, Bazoumana Sissoko “le sage” utilisait toujours des formules originales telles que : “De mon temps, les racines d’une personne déterminaient toujours la qualité de l’homme” ou “La dignité est l’essence de toutes les vertus”.

Pour la jeune génération, dont son petit-fils Bassékou Kouyaté (lui-aussi joueur de ngoni), les conseils du “vieux lion”, disparu le 29 décembre 1987, sont toujours les bienvenus : “le patriotisme et rien que le patriotisme car l’amour de la patrie peut déplacer le plus gros rocher du monde.”

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Nago Seck

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