Fatoumata la comédienne
Fatoumata Diawara grandit à Abidjan où elle s’adonne très jeune à la danse, ce qui n’est pas du goût de son père qui l’envoie vivre chez sa tante comédienne à Bamako au Mali. Elle a alors 10 ans. En 1996, elle suit les traces de sa tante en faisant ses premiers pas de comédienne dans le film « Taafe Fanga » de Adama Drabo. Elle est alors repérée par le cinéaste Cheick Oumar Sissoko (futur ministre de la Culture du Mali) qui l’engage, aux côtés de l’immense comédien Sotigui Kouyaté et du musicien Salif Keïta, pour le premier rôle féminin (Dina) dans son film « La Genèse » (prix « Un Certain Regard » au festival de Cannes en 1999). Engagée en 1998 comme comédienne pour jouer dans « Antigone », une pièce adaptée par Jean-Louis Sagot Duvauroux, Fatoumata Diawara rejoint la France et le Théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Elle est ensuite sollicitée dans divers pièces de théâtre et longs métrages dont « Sia, le rêve du python » de Dani Kouyaté (Prix spécial du Jury au Fespaco 2001 – Ouagadougou – Burkina Faso), « Il va pleuvoir sur Conakry » de Cheick Fantamady Camara (2008), « Encourage » de Eleonora Campanella, « Ni brune ni blonde » d’Abderrahmane Sissako (2010) ou encore « Les Contes de la nuit » de Michel Ocelot pour sa voix…
Fatoumata, la musicienne
En 2002, Fatoumata Diawara est engagée comme chanteuse par la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe fondée en 1979 par Jean-Luc Courcoult et basée à Nantes. Elle y restera six ans, tournant aux quatre coins du monde. En novembre 2006, elle est choisie pour interpréter le premier rôle féminin de « L’Opéra du Sahel » à Bamako (Mali). C’est au sein de cette troupe qu’elle est repérée par l’auteur-compositeur, arrangeur, claviériste et interprète Cheikh Tidiane Seck qui lui propose de participer, comme choriste, à l’enregistrement de l’album, « Red Earth : A Malian Journey » (paru en 2007), de la diva du jazz américaine Dee Dee Bridgewater. C’est à cette occasion que Fatoumata Diawara rencontre une autre diva, celle du chant wassoulou, Oumou Sangaré qui la sollicitera pour l’enregistrement et la tournée de promotion de son album « Seya » qui sortira en 2009.
Cette année 2007 la verra interpréter la sorcière Karaba dans la comédie musicale « Kirikou et Karaba », une adaptation du film d’animation « Kirikou et la Sorcière » de Michel Ocelot. Elle participe aussi à la bande originale aux côtés de nombreux autres artistes africains dont Boni Gnahoré, Rokia Traoré, Ballaké Sissoko, Mokobé ou encore Ali Boulo Santo. Elle collaborera également avec sa compatriote et chanteuse, Mamani Keïta. En parallèle, elle travaille sur le disque de la comédie musicale. Cheikh Tidiane Seck lui propose alors d’être de l’enregistrement de son propre album « Sabaly ». Elle sera aussi de l’enregistrement de l’album « Afrocubism » (2010). Elle chantera avec Herbie Hancock (« The Imagine project » – Grammy Award en 2014) ou Hank Jones. Ses diverses expériences la pousse à se lancer dans une carrière musicale.
« Kanou » et « Fatou » : l’envol international
Dès lors, elle commence à travailler son propre répertoire. Mais il faudra attendre 2011 et la sortie chez World Circuit de son premier EP (maxi single) « Kanou » pour entendre sa voix aux inflexions multiples, soutenue par un afro-folk tiré de la musique mandingue (rythmes et chants wassoulou du Mali). Pour la réalisation de cet projet, elle a fait appel à des artistes de talent dont Ousmane Keïta (kamélé ngoni), Guimba Kouyaté (guitare, ngoni), Moh! Kouyaté (guitare électrique), Sola Akingbola (percussions, batterie, congas), Hilaire Penda et Papus Diabaté (basse), Tony Allen (batterie) ou encore Toumani Diabaté (kora).
Sa musique donnée par des instruments africains (calebasse, kamélé ngoni, ngoni, percussions, kora) et occidentaux (guitare, basse, batterie, claviers) est teintée de blues, jazz, pop–rock, funk ou reggae.
Cette année 2012 sort « Fatou », son premier album international dans lequel elle aborde plusieurs thèmes : l’indépendance des femmes, l’excision, l’éducation, les mariages forcés, l’immigration ou encore les conflits et leurs victimes… La chanson « Fatou » lui vaut une invitation à l’émission « Later with Jools Holland » sur la chaîne anglaise BBC Two. La même, sa prestation au festival de musique de Rudolstadt, une ville située dans le Land de Thüringen (Thuringe), en Allemagne, aboutit à un CD Live intitulé « Rudolstadt 2018-07-08 ».
Engagements et collaborations
Artiste engagée, Fatoumata Diawara milite contre l’excision qu’elle a subi elle-même étant petite. En 2012, elle gère la réalisation d’une vidéo musicale contre l’occupation du nord du Mali par des djihadistes, ce qui l’amène à jouer dans « Timbuktu », un film dramatique franco-mauritanien réalisé en 2014 par Abderrahmane Sissako, et multi-césarisé au festival de Cannes. Entretemps, elle est invité en 2013 à Muzik’Elles, un festival de musique consacré aux chanteuses créé en 2005 à Meaux, en Seine-et-Marne (France).
En 2015, sort « At Home (Live in Marciac) », un album comportant six titres enregistrés en public le 4 août 2014 au Festival de Jazz de Marciac, en France, par Fatoumata Diawara et le pianiste cubain Roberto Fonseca. L’artiste malienne vient confirmer sa faculté d’adaptation à n’importe quel genre musical en s’intégrant parfaitement dans le latin jazz.
En 2017, Fatoumata Diawara contribue, avec le maestro de la kora Toumani Diabaté décédé le vendredi 19 juillet passé, ainsi que son fils Sidiki Diabaté, à « Lamomali », un projet malien guitariste français Matthieu Chedid dit M.
Dans cet opus, elle est en featuring sur les morceaux « Manitoumani », « Bal de Bamako », « Cet air », « Une âme », « Toi moi ». Album politique, appel à l’unité et à la paix, « Lamomali » est sacré le 9 février 2018 est sacré « Meilleur album de musique du monde » aux Victoires de la Musique en France.
L’année suivante, elle sort son second album solo « Fenfo », produit par ce dernier. En 2020, elle est invitée par les Britanniques Damon Albarn (musicien et compositeur des groupes Blur, Gorillaz et The Good, the Bad and the Queen) et Jamie Hewlett (auteur de bande dessinée et graphiste) sur un nouvel extrait de leur série collaborative « Song Machine »et la mettent en vedette dans le clip et la chanson « Désolé » du groupe Gorillaz.
En 2022, elle joue dans « Le Vol de Boli », un opéra de Damon Albarn et Abderrahmane Sissako consacré au vol d’un fétiche animiste malien par l’ethnologue et critique d’art français Michel Leiris, pour le Musée de l’Homme. Dans « L’Afrique fantôme », Michel Leiris exprime sa honte d’avoir volé ce fétiche. Mais celui-ci est resté en France et est désormais exposé au Musée du Quai Branly.
Très éclectique, Fatoumata Diawara a collaboré avec de nombreux autres artistes dont Cheikh Lo (Sénégal), Yemi Alade (Nigeria), Mulatu Astatke (Ethiopie), Toumani Diabaté (Mali), Matthieu Chedid « M » (France), Bobby Womack (USA), Roberto Fonseca (Cuba), Milky Chance (Allemagne), Herbie Hancock (USA), Angélique Kidjo, Disclosure (UK), Lauryn Hill (USA/Jamaïque) sur le titre « Black Woman » de la bande originale du film « The Harder They Fall » de Jeymes Samuel dit The Bullitts, le frère du célèbre chanteur Seal, etc.
Discographie
2011 : Fatou – World Circuit (LP)
2011 : Kanou – World Circuit (EP)
2018 : Fenfo (Something To Say) – Wagram Music
2018 – « Rudolstadt 2018-07-08 » (CD Live au au Rudolstadt Festival)
2022 : Maliba – Montuno Producciones y Eventos, S.L. sous License exclusive 3ème Bureau / Wagram Music
2023 : London Ko (CD) – 3e bureau
Collaborations musique
2012 : Rocket Juice and The Moon (Honest Jon’s – LP), featuring sur trois morceaux
2012 : The Bravest Man In The Universe (Bobby Womack – LP), featuring sur le morceau « Nothin’ Can Save Ya »
2013 : Sketches from Ethiopia (Mulatu Astatke – LP), featuring sur le morceau « Surma »
2013 : Festival Muzik’elles
2015 : At Home (Live in Marciac) – Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca
2017 : Lamomali (Matthieu Chedid – LP), featuring sur les morceaux « Manitoumani », « Bal de Bamako », « Cet air », « Une âme », « Toi moi »
2021 : The Harder They Fall (The Bullitts – Soundtrack), featuring avec Lauryn Hill sur le morceau « Black Woman »
2022 : Fleuve Sénégal (CD) – Baaba Maal, Noura Mint Seymali, Fatoumata Diawara, Noumoucounda & Sékou Kouyaté – Milk Music
2023 : Living in a haze (Milky Chance), featuring sur le morceau « Flicker In The Dark »
Filmographie
1996 : Taafe Fanga d’Adama Drabo
1999 : La Genèse de Cheick Oumar Sissoko : Dina
2002 : Sia, le rêve du python de Dani Kouyaté : Sia
2006 : Il va pleuvoir sur Conakry, de Cheick Fantamady Camara : Siré
2010 : Encourage, de Eleonora Campanella
2010 : Ni brune ni blonde, de Abderrahmane Sissako
2011 : Les Contes de la nuit, de Michel Ocelot (voix)
2014 : Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako : la chanteuse
2015 : Morbayassa de Cheick Fantamady Camara
2018 : Yao de Philippe Godeau : Gloria
Théâtre
1998 : Antigone de Sophocle ; adaptation de Jean-Louis Sagot Duvauroux, mise en scène Sotigui Kouyaté
2002 -2008 : Royal de luxe ; fondateur Jean-Luc Courcoult
2007-2008 : Kirikou et Karaba : Karaba
2022 : Le Vol de Boli (opéra)
* Crédit photo: https://vocesdelmundo.wordpress.com/
[…] Clive Govinden (basse), Boris Tchango (batterie) et des invités tels que Vusi Mahlasela, Fatoumata Diawara, Soum Bill, le Gangbé Brass […]