Alors qu’Obama vient tout juste d’être élu et qu’avec son élection, une ère nouvelle se dessine, cicatrisant les plaies de l’histoire, en réconciliant les races et les hommes, Mama Africa vient de nous quitter emportant avec elle tout un monde qui a oeuvré à construire un avenir plus prometteur.
Le 14 Novembre, dans le hall de l’Ambassade d’Afrique du Sud, à Paris où diplomates, artistes, proches et de rares journalistes s’étaient réunis pour lui rendre un dernier hommage, le souffle de l’histoire est passé. Le révérend Peter Kufuor a fait le lien historique émouvant entre Martin Luther King, Miriam Makeba et le nouveau président américain, la journaliste américaine Ricki Stevenson a évoqué son enfance marquée par les marches pour les droits civiques et celle contre l’apartheid, un combat endossé par les Afro-américains éveillés par le discours historique de Mama Africa aux Nations Unis soutenu par son ami Harry Belafonte. Le chant fervent de Linda Lee Hopkins, Alex Sanders et Tshenolo Segokgo, jeunes voix sud-africaines mêlant ferveur religieuse du gospel et âpreté des chants zulu, a donné une intensité à cet hommage, la salle émue lançait des amen puis s’éclipsait discrètement, inscrivant sur le livre d’or les émotions ou les moments partagés avec Mama Africa.
Tout là bas, à Johannesburg, Pretoria , au Cap et dans les plus petits villages d’Afrique du Sud, le pays était en deuil. Ancienne choriste de Maxime Leforestier rentrée au pays (elle est l’inoubliable voix de « Né quelque part »), Aura Msimang m’a raconté la disparition de Miriam Makeba vécue par les Sud-Africains.
«~Les drapeaux en berne ont flotté sur tout le pays, tous les Sud-africains ont dépoussiéré leurs vieux 33 tours de Miriam Makeba et toute l’Afrique du Sud s’est soudain sentie nostalgique. Samedi, un immense service funéraire était organisé pour le grand public et les VIP. Son petit-fils, tellement mignon et sage, a pris la parole, dit quelques mots, faisant monter les larmes aux yeux de toute la foule. Puis les amis proches et la famille se sont réunis pour la crémation. Tous ces jours les DJS, les radios ont diffusé la musique de Miriam Makeba, Mama Africa. Une page de notre pays s’est tournée.~»
Au delà de son pays natal et de la lutte anti-apartheid, Miriam Makeba incarnait toute l’Afrique , celle du festival d’Alger en 1969 qui symbolisa l’union des deux Afriques, au sud et au Nord du Sahara, celles des Indépendances qu’elle célèbra dans de nombreux pays, la Guinée où persécutée par la CIA, elle trouva refuge après son mariage avec le leader des Black Panthers Stokeley Charmichael, le continent tout entier qui lui offrit une collection infinie de passeports et de citoyennetés d’honneu. Elle rêvait d’ailleurs d’un passeport commun à tous les africains.
Celle qui magnifia le célèbre titre «~Pata Pata~» composé par Dorothy Masuka et le porta sur toutes les scènes du monde, souffrit pourtant après son retour au pays, eut du mal comme le raconte si bien notre correspondante à Johannesburg Nicky Blumenfeld à sortir son dernier album Homeland et dut se tourner vers le producteur américain Purtumayo, elle , l’icône de tout un continent. Comme si toute la souffrance de l’exil n’avait pas été une peine suffisante à toute une vie de lutte. Retrouvez toute l’histoire de Miriam Makeba et le commentaire de Homeland.
* Crédit photo : Mama Africa siégeant au jury des Kora Awards en 1999
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