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Poète, philosophe, prolifique parolier et interprète, Ndiaga Mbaye s'est distingué par son art consommé de la dialectique, la richesse de son verbe wolof et ses textes à portée morale et spirituelle. Il a navigué dans divers styles tels la musique lyrique sénégalaise, le folklore national, le blues wolof, les musiques de fusion mbalax/pop, mbalax/jazz, mbalax/électro ou mbalax/hip hop. Maître de la parole, Ndiaga Mbaye a inspiré plusieurs artistes du Sénégal. Il disparaît le 13 février 2005 à Dakar. Poète, philosophe, laudateur né, Ndiaga Mbaye se distingua par la richesse de son verbe (wolof) et ses textes à portée morale et spirituelle. Parolier hors pair, il a inspiré et navigué dans divers styles tels le mbalax (Youssou Ndour) et le rap (PBS).”

African Pearls /Vol.4 : Senegal : The Teranga Spirit

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L’enfant de Tattaguine

samba_diabare_samb.jpgNé en 1948 dans une famille de griots de Tattaguine, dans la région de Fatik, au Sénégal, Ndiaga Mbaye débute dans la chanson en animant les «~kasaks~» (fêtes de circoncision, les mariages et les baptêmes). Après l’école primaire, il abandonne ses études et, en 1968, en pleine crise estudiantine, il s’engage dans l’armée. A la fin de son service militaire, Ndiaga Mbaye s’installe à Dakar et s’illustre avec «~Mbeugel~» (l’amitié, l’amour), une chanson qui laisse entrevoir un talent insoupçonné. Aussitôt, la radio nationale diffuse en boucle ce titre et l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre National Daniel Sorano l’intègre en 1969 dans la troupe où il retrouve, entre autres, la cantatrice Khar Mbaye Madiaga et le « xalamkat » (joueur de xalam) Samba Diabaré Samb. La même année, il obtient une distinction au Festival Panafricain d’Alger.

Dès lors, Ndiaga Mbaye enchaîne les tubes sur un «~blues wolof~» d’une grande spiritualité : «~Niéty Abdou~» (les 3 Abdou), un hommage à trois grands dignitaires religieux (Abdou Khadr Djeylani, Abdou Aziz Sy et Abdou Lakhat Mbacké), «~Dabakhe~» («~il est bon~» en wolof, sur le khalife des Tidjani du Sénégal) ou encore «~Oumar Foutiyou~» («~Oumar du Fouta~» en halpulaar), une chanson sur El Hadj Oumar Seydou Nourou Tall, souverain pulaar, né en 1797 à Halwar (près de Podor) dans la région du Fouta Toro au nord du Sénégal. Suite à de nombreuses batailles après sa conquête de Ségou au Mali, il disparaît en 1864 dans une grotte de Deguembéré dans les falaises de Bandiagara.

Prise de conscience

youssou_ndour-2.jpgA travers Rewmi yen beyilène (sur l’autosuffisance alimentaire) ou sa cassette Ndiaga Mbaye dans le vent, les Sénégalais découvrent alors un artisterésolument tourné vers le social. Sur une fusion mbalax, jazz, blues ou rap, ses textes à double sens chantés en wolof abordent divers thèmes comme l’éducation avec «~Ndiourèle~» (sur le respect des parents) et «~Niit, niit moy garabam~» (le remède de l’homme, c’est l’homme), l’amour avec «~Beuguenala~» (je t’aime, je t’apprécie), la politique dans «~Naniou mougne~» («~soyons patients~», sur les maux du pays, repris plus tard avec Youssou Ndour, son producteur, et les rappeurs de PBS) ou «~Lamine Guèye~» (un hommage au premier président de l’Assemblée Nationale du Sénégal et panafricaniste confirmé), le social avec «~Ndongo daara~» (sur les mauvais traitements des jeunes disciples), ou «~Baïkat~» (sur les difficultés que rencontrent les paysans)…En 2004, la réalisatrice Laurence Gavron lui consacre un documentaire poignant retraçant ses 30 ans de carrière : « El Hadj Ndiaga Mbaye, la mémoire du Sénégal ».

Le 13 février 2005 à Dakar, ce parolier hors pair qui a donné à la chanson lyrique et au folklore national leurs lettres de noblesse disparaît suite à une longue maladie. Youssou Ndour lui dédiera son Grammy Award 2005.

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Nago Seck

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