Après avoir vécu outre-Manche ces 15 dernières années, Carmen Souza utilise sa musique pour approfondir les liens inattendus entre sa patrie, le Cap-Vert, et le Royaume-Uni, pays qui a nourri sa créativité depuis si longtemps. Ce nouveau recueil de chansons, composé comme une suite musicale, est enraciné dans l’insularité. Paroles et musiques dévoilent des histoires peu connues, issues de la rencontre de deux cultures si différentes et de leur impact au Cap-Vert après des siècles de présence anglaise.
« Je me suis inspirée des contes du Cap-Vert comme point de départ pour créer cette suite musicale » nous livre Carmen. « Il s’agit d’un long travail qui a alimenté mon mémoire de maitrise à la faculté. Tout au long de mes recherches, j’ai tenté « d’habiter » cette période historique à travers la musique. L’album aborde les thèmes de l’identité́ culturelle et de la résistance au colonialisme pour mettre en évidence les liens entre le Cap-Vert et le Royaume-Uni, et la lutte qui continue pour la décolonisation. L’inspiration est venue des contes populaires, des contes de marins et même des « Sea Shanties » (chants de marins issues de la musique folklorique britannique).
Depuis ses débuts, la voix de Carmen Souza possède une grande variété de registres, explorant de manière subtile les possibilités de l’expression vocale. Cet instrument merveilleux se combine ici avec un son d’album organique, franc et clair, donnant à chaque chanson un sentiment de « live ». L’instrumentation fusionne les influences lusophones non seulement dans l’utilisation des instruments traditionnels mais aussi dans les structures, les rythmes et le ton des chansons. L’Improvisation, quant à elle, brouille davantage les frontières entre les types de musiques et leurs spécificités culturelles. Théo Pascal, producteur artistique et compositeur de l’album déclare : « C’était une priorité́ de permettre aux couleurs acoustiques de chaque instrument de se déployer, sans avoir recours aux traitements ou autres effets numériques. »
La musique du Cap-Vert est, à l’instar des peuples qui habitent l’île, d’origine culturelle mixte ou hybride. Le duo Souza–Pascal se joue du jazz et des rythmes traditionnels et une fois de plus, leur signature sonore reflète l’hybridité de l’archipel.
Carmen Souza
D’origine capverdienne, née en 1981 à Lisbonne (Portugal) et installée à Londres (Angleterre), Carmen Souza grandit dans un foyer bilingue créole et portugais toujours entourée de la culture capverdienne. Très tôt, la longue absence de son père due à son travail en mer lui fait ressentir le sentiment de « sodade », ce sentiment d’exil et d’éloignement, mélange de mélancolie et d’espoir chanté en créole dans la morna.
Chanteuse, guitariste (acoustique et classique) et pianiste-claviériste, souvent accompagnée de son complice Theo Pascal (auteur-compositeur, bassiste, contrebassiste et percussionniste portugais), Carmen Souza a créé un nouveau langage qu’elle appelle « world jazz », un style musical entre jazz, jazz-fusion, afro-fusion et styles capverdiens (morna, batuque et coladeira)…
Formée au sein d’une chorale gospel lusophone, Carmen Souza a été inspirée par des musiciens comme Luis Morais, Bana, Théo Pascal, Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Nina Simone, Joe Zawinul, Herbie Hancock, Keith Jarrett, Bill Evans, Miles Davis et Horace Silver.
Avec la disparition de la plus célèbre des Capverdiennes, Cesaria Evora, Carmen Souza, l’une des chanteuses de jazz les plus demandées d’Europe, a été désignée comme une des ambassadrices de la musique de l’archipel.
Fiche
Paroles, voix – Carmen Souza
Musique, basse – Theo Pascal
Drums – Elias Kacomanolis (p1,3,4,5,6,7), Zoe Pascal (p2)
Flûte – Gareth Lockraine (p5)
Piano – Deschanel Gordon (p4,6), Diogo Santos (p1,7), João Oliveira
Trompette – Mark Kavuma (p2)
Label – Galileo Music Communication / MDC / Pias
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