Centrafrique – Musique Gbaya – Chants A Penser / Vol 2
Témoignage de Simha Arom
« J’ai séjourné dans les années 1960 chez les Pygmées Mbenzélé, à 600 km de Bangui. Là, j’ai commencé à enregistrer sur magnétophone ce qu’ils voulaient bien me chanter : je découvris ainsi la richesse de leur polyphonie et de leur polyrythmie ».
Le patrimoine musical pygmée est divisé en catégories distinctes, dont chacune est exclusivement liée à une circonstance précise de la vie en société, par exemple, les chants avant le départ à la chasse ou le chant pour bercer un enfant. J’ai alors entrepris de répertorier toutes ces catégories, leurs noms, leur nombre et leur contexte d’utilisation. Il s’agissait aussi de répondre à des questions relevant de la sémiologie musicale : peut-on établir une grammaire de ces musiques ? L’autre aspect de ma recherche était plus anthropologique : comment articuler chaque chant avec le contexte culturel et social ?
Cette musique, orale et collective, réalisée sans chef et sans partition, qui se transmet de génération en génération, est très sophistiquée. J’ai découvert qu’il existait en général quatre parties chantées distinctes qui s’entremêlaient en un contrepoint extrêmement dense. Chaque chanteur choisit sa partie, mais est libre en cours de route de l’abandonner pour en reprendre une des trois autres : songez qu’il m’a fallu plusieurs années pour comprendre cela, c’est dire combien cette musique nous est difficile d’accès ! Par ailleurs, un même chant n’est jamais réalisé deux fois de façon identique, tant l’art de la variation, à partir d’une épure relativement simple, est développé.
Source : http://www.scienceshumaines.com/fascinante-musique-pygmee_fr_23741.html
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