L’orchestre Kanaga de Mopti
Sorry Bamba commence sa carrière musicale en 1957. Trois ans plus tard, il crée son propre groupe, le Bonijazz. Au début des années 1960, alors membre de l’orchestre de Kanté Manfila, il participe à l’enregistrement, chez Philips, de plusieurs 45 tours afro-cubain–mandingue du guitariste guinéen, au rythme d’un par trimestre : Horoya, Ai bolo et Kadi Maykia (comprenant “John Kennedy”, un titre hommage au 35ème président américain, John Fitzgerald Kennedy, assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas, Etats-Unis). Après des tournées en Afrique de l’Ouest, Sorry Bamba part en 1965 à Abidjan en Côte d’Ivoire. L’année suivante, il rentre au pays et devient le directeur musical de l’Orchestre Régional de Mopti, la formation de sa ville natale où joua un certain Ali Farka Touré. La même année, il remporte le Premier Prix de Musique Orchestrale au Festival Mondial des Arts Nègres de Dakar au Sénégal. En 1968, il sort Serre, dont “Bravo Mimos” composé par Kanté Manfila, suivi en 1969 de Djélimango, un 45T de quatre titres, comprenant aussi Kadji Maïga, N’diarabi Bédonna et Djantou Madjila.
Yayoroba
Attaché aux rythmes dogons, Sorry Bamba enregistre en 1976 Sorry Bamba du Mali : Faux galant. La même année, à la demande de Diby Syllas Diarra, Gouverneur de Mopti à l’époque, il monte avec Modibo Kouyaté, sur les ruines de l’ex Orchestre Régional de Mopti, l’Orchestre Kanaga de Mopti, du nom masque le plus représentatif et le plus populaire des Dogons (le Kanaga). Avec cette formation, il enregistre en 1977 l’album éponyme Orchestre Kanaga de Mopti, avec des morceaux devenus célèbres comme “Kulukutu”, “Kanaga” ou “Sorry Bamba”. Parallèment, il sort un opus solo à succès, Sorry Bamba : Yayoroba. Le grand public découvre alors une musique aux sonorités jazz, soul ou funk, mais fidèle à la musique dogon et chantée en bambara : “Plusieurs années de recherches auront été nécessaires pour transformer cette musique traditionnelle en un style moderne et dansant”, dit-il. L’année 1979 le voit réaliser Sorry Bamba du Mali : Mayel.
Djéli Baba Sissokho
Au début des années 1980, Sorry Bamba s’installe en France, donne des cours de percussions et de danse au Café de la Gare à Paris et tourne dans plusieurs pays d’Europe. L’album Tonnerre Dogon sorti en 1987 est dédié à Djéli Baba Sissokho, conteur généalogiste très populaire au Mali et animateur, dès 1957, de “Connaissance du Mali”, une chronique hebdomadaire de la Radio Télévision Malienne sur l’histoire et la culture du Mali.
Tradition dogon et totems séculaires
Sigui (1989), un remix de l’album Le tonnerre dogon (1987) évoque la cérémonie déambulatoire et cosmogonique célébrée tous les soixante ans par les habitants de Bandiagara. Dans ce disque, Sorry Bamba renouvelle les messages, dénonce les mariages forcés et décrit les marchandages honteux dont les filles sont l’objet (“Kanûba”) et rend hommage aux totems séculaires (“Mayel”), un titre enregistré initialement en 1979. En 1991, Sorry Bamba participe au Festival d’Eté de Nantes en compagnie des frères Songo originaires du Pays Dogon. Beaucoup plus ancrés dans la tradition, invocateurs des mythes se perpétuant de père en fils avec l’aval des Sages, les frères Songo, vêtus de tenues traditionnelles et portant des masques rituels font découvrir des rythmes et surtout des danses qui ne sont pas sans rappeler les figures chorégraphiques des break-danseurs. En 1995, il réalise Hamdallaye (Dieu soit loué), un opus honorant Cheikhou Amadou ou Sékou Amadou (1775-1844), célèbre chef religieux peul et fondateur de l’empire du Macina (au centre du Mali actuel), dont la capitale était Hamdallaye.
Premier musicien à avoir reçu à titre exceptionnel l’autorisation du peuple Dogon (les Sages) à moderniser son folklore, Sorry Bamba a sorti plusieurs autres albums, dont Les Aigles du Mali (2001), Clash Mandingue en duo avec l’excellent guitariste guinéen Kanté Manfila (2008), Dogon Blues (2010), Volume One 1970-1979 (2011).
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