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“Née le 8 novembre 1946 à Mujumi, district de Mhondoro à 100 km au Sud-ouest d'Harare au Zimbabwe, Stella Chiweshe est auteure, compositrice, chanteuse, danseuse, comédienne et maridzambira virtuose (guérisseuse et joueuse de mbira ou piano à pouce). Elle commence professionnellement la musique en 1966, développant un style tiré des sonorités traditionnelles du peuple Shona (Chimurenga). Stella Chiweshe est la première femme à imposer le mbira sur la scène internationale et à l’électrifier pour le moderniser. Depuis quelques années, sa fille Virginia Mukwesha... ”

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Stella Chiweshe, la maridzambira

Stella Chiweshe est initiée à Harare, la capitale, puis à Mhondoro par son oncle, « balayant » ainsi les tabous de sa tradition pour s’adonner à cet instrument appelé l' »instrument du diable » et réservé uniquement, à l’époque, aux hommes. Différent des autres musiciens qui pensent que les femmes ne doivent pas apprendre à jouer du mbira (ils ont peur qu’en jouant de cet instrument la femme développe des qualités masculines), ce dernier l’encourage dans sa passion. De nos jours, plusieurs femmes en jouent dont sa fille Virginia Mukwesha).

Le rôle fondamental du musicien de mbira traditionnel au Zimbabwe, souvent accompagné de hosho (shekere ou maracas fait de courges séchées), de marimba (balafon) et de tambour ngoma, est d’appeler les esprits dans les rituels de procession « Bira ». A travers l’instrument, on honore l’âme des ancêtres qui peuvent ainsi réapparaître pour donner des conseils et insuffler de l’énergie aux membres de la famille encore vivants. Lorsqu’il joue pour les esprits, le musicien doit travailler plusieurs jours et plusieurs nuits et adopter un mode de vie respectant les valeurs traditionnelles.

Stella Chiweshe commence comme les autres « maridzambira » (joueurs de mbira) à jouer pour les esprits et anime toutes sortes de cérémonies. Avant l’indépendance du Zimbabwe (ex Rhodésie du Sud) acquise le 18 avril 1980, il était interdit de jouer sur scène le mbira : les missionnaires le nommaient l' »œuvre de Satan » et menaçaient ses interprètes de l’enfer.

Mbuya Nehanda, l’héroïne nationale

Sa carrière musicale est, elle-aussi, un succès : jusqu’en 1979, date de la création de son groupe Earthquake, elle enregistre plus de vingt singles dans son pays natal dont Kasahwa, son premier single enregistré avant l’indépendance en 1974 (disque d’or). A l’indépendance, le gouvernement donne l’autorisation officielle de jouer de cet instrument. Et Stella Chiweshe devient, en 1981, membre de la Compagnie Nationale de Danse du Zimbabwe comme joueuse de mbira, danseuse et de comédienne. Avec cette troupe, elle tourne dans tout le pays et sillonne le monde : Mozambique, Australie, Allemagne, Suisse, Bulgarie, and Yougoslavie, Inde, Chine et Corée.

Son répertoire très riche de Stella Chiweshe sert souvent d’introduction aux sessions parlementaires ou aux discours télévisés du président zimbabwéen.

En tant que comédienne, Stella Chiweshe connaît aussi un immense succès dans le cinéma en interprétant dans un film le rôle de Mbuya Nehanda dite « Charwe Nyakasikana » (née en 1862), une héroïne nationale de la rébellion de 1896/1897 assassinée en 1898 par le gouvernement colonial.

Thomas Mapfumo, le militant

Sa première tournée internationale personnelle a lieu en 1984 : Allemagne, Angleterre, Italie, Inde, Chine, Corée. Elle donne aussi des concerts avec son frère Elfigio Chiweshe. Installée en Allemagne depuis cette date, elle est guest star, un an plus tard, de la tournée européenne de son compatriote Thomas Mapfumo, militant de l’indépendance du Zimbabwe et fervent représentant du Chimurenga (« lutte d’indépendance »), musique de résistance du peuple Shona. En 1987, année de la parution du disque Ambuya?, elle triomphe au Hakney Empire de Londres (Angleterre) puis participe au Beat Apartheid Road Festival en Allemagne en compagnie de deux membres du collectif de musiciens anglais 3 Mustapha 3. L’année suivante, elle participe avec son groupe Earthquake au Festival des Politischen Liedes (Festival de la chanson politique) à Berlin puis se rend en Hollande, en Belgique et au Luxembourg.

Depuis, Stella Chiweshe a fait plusieurs fois le tour du monde et enregistré nombre d’albums dont Ndizvozvo (1988), Chisi (1990), Kumusha (1991), Shungu (1994), Tapera (1998), Talking Mbira : Spirit of Liberation (2002), Double-Check : Two Sides of Zimbabwe’s Mbira Queen (2005)…

Toujours à l’affût de la modernisation du mbira traditionnel avec son groupe Earthquake, Stella Chiweshe conserve néanmoins la base traditionnelle rythmique (Chimurenga), utilise un hosho et un mbira électrique. Elle y introduit un nouveau style de jeu des marimbas et une section batterie-basse.
« Le mbira, c’est un sentiment plus fort que les mots. La souffrance que ce rythme réussit à soulager, aucun docteur ne peut le remplacer », confie Stella Chiweshe.

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Nago Seck

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