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Titres :
1. Nanfoulé 6:01
2. Sara 7:21
3. Diarabi 4:42
4. Tinkiso 5:36
5. Sonia 5:18
6. Alpha Yaya 7:04
7. Moriba Kaba 9:01
8. Djeliya 9:38
9. Simbo 12:10”

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Quand on parle de musique afro-jazz, on a tendance à jouer les marieurs, à rapprocher d’un coup de fusain les continents et évoquer le retour de la note bleue sur le continent noir. Le mariage, blanc finalement, de la côte Est des States et de l’Afrique de l’Ouest. Loin de tomber dans ces clichés, « Tinkiso » est né de la rencontre, improbable mais évidente, d’un « sound designer » et d’un griot (djéli). D’une voix et d’un piano. Celle du conteur guinéen et celui de l’instrumentiste-compositeur-arrangeur français Jean-Philippe Rykiel. Chez eux, pas question d’enjamber quelque océan, Jean-Philippe Rykiel et Mory Djély Kouyaté n’ont pas fait de longs discours ni de contorsions musicales, seuls comptaient leurs entrechats, ces dentelles de piano, évoquant par instants des traits de kora, qui enrobent le chant lyrique et puissant du ténor de Conakry.

Ce disque couvait depuis longtemps. C’est en 1989 que leur chemin se croise. D’un côté de la piste, Jean-Philippe Rykiel, amoureux de l’Afrique et de sa musique depuis qu’il a découvert l’émission « Bananas » sur France Inter, et adepte tout à la fois des explorations électroniques d’un Pierre Henry que du bebop d’un Thelonious Monk. Aveugle (quelques secondes après sa naissance), le fils de la styliste Sonia Rykiel multiplie les aventures musicales, un jour aux côtés de Lokua Kanza, Salif Keïta, Papa Wemba, Youssou Ndour et du Super Rail Band, le lendemain dans la caravane de Léonard Cohen, Jon Hassell, Catherine Lara, Vangelis, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine ou du moine tibétain Lama Gyourmé. En face, sur le même chemin, Mory Djély Kouyaté, conscience sociale de la Guinée, considéré comme le plus grand ténor de la musique mandingue.

Ce qui frappe dans ce projet, c’est que les influences occidentales ne sont pas reléguées au second plan ; l’Afrique, elle, n’est pas un prétexte. Musiques métisses, bien plus que simple rencontre du swing et de la musique mandingue, « Tinkiso » apporte une couleur inédite, issue d’un pigment naturel, à ce « jazz du monde », dont on ne sait ce qu’il englobe. L’histoire de « Tinkiso » prend sa source dans le studio parisien de Jean-Philippe Rykiel, un dimanche, lors d’une jam entre les deux amis, sous le regard halluciné du « troisième larron », le manager-producteur Otis Mbaye. Rien de bien sorcier finalement, ces deux-là n’ont foi qu’en la musique, celle où nul format, nul message n’alourdit les portées.

Au fil de ce voyage sur le fleuve, on aborde des contrées oubliées, comme « Diarabi », une reprise dansante du tube du groupe légendaire des années 1960 Balla & ses Balladins, ou « Simbo » et ses sirènes de synthés. Et puis, au loin, percent les chants de louanges de « Sonia », hommage du griot à la mère du pianiste.
Chaque titre constituant l’escale, improvisée, d’une aventure pas banale.

Fiche

Mory Djély Kouyaté – Vocals
Jean-Philippe Rykiel – Musique, arrangements, piano

*Source : https://www.placedeslibraires.fr/

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Nago Seck

Nago Seck

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